Un mois, un garage, par le CESCQUAL
Le garage Citroën de Cassel
Quand j'ai lancé cette rubrique "un mois, un garage Citroën", je pensais que les contributions allaient fuser, un peu comme ce qui s'était passé pour les couleurs et intérieurs de DS.
J'imaginais des émissaires du Docteur Danche sillonnant la France et me ramenant des infos pas possibles sur l'ancien réseau Citroën.
Eh bien pas du tout.
Un intérêt poli, tout au plus.
Et moi je me démène donc pour trouver des vestiges, tout seul, ou presque (Estipallas a quand même un peu aidé pour mettre au point mon article sur la succursale de Toulouse).
Alors je dois dire que ça m'a fait très, très plaisir quand Anthony m'a écrit pour me dire qu'il avait enquêté sur l'ancien garage Citroën de son bled, au 32, Grand' Place à Cassel, quelque part dans le Nord, vers Hazebrouck et la frontière Belge.Le garage n'est plus en activité depuis 1979/80 mais auparavant, c'était le garage Denaës.
En voici quelques vues d'époque trouvées par Anthony à la médiathèque de son village.
Le garage était installé dans une demeure historique, et son point fort, au niveau déco, c'est ce superbe double chevron en ferronnerie, que l'on voit mieux sur cette photo ci-dessous.
Alors, aujourd'hui, qu'en reste-t-il?
Apparemment pas grand chose...
Mais Anthony est allé sur place... pour demander à ce Maitre Tapissier, Jacques Fayolle, de bien vouloir démonter fissa son enseigne pour faire réapparaitre le sigle Citroën qui est encore en-dessous, et de se mettre au plus vite à l'helanca.Pour le moment ledit tapissier s'est déclaré perplexe face à notre démarche.
Allez, Jacques, un petit effort, quoi!
On démonte ton enseigne, on réinstalle le garage, on ramène quelques voitures, et hop, la place de ton village aura déjà nettement meilleure allure!
En tout cas l'enquête de proximité d'Anthony, avec interviews et chasse aux souvenirs des habitants, lui a permis de reconstituer la configuration des lieux dans les années 60, il m'en a fait un plan.
Le bureau est devenu le tapissier.
L'atelier est devenu le restaurant "l'addict".
Le hall d'expo est devenu un magasin de produits régionaux.Et même, pendant l'enquête, la dame de la boutique de produits régionaux a déclaré sur le ton de la confidence : "ma boutique est exactement située là où a été exposée la DS Citroën en 56!".
Et elle lui a expliqué qu'on pouvait exposer là deux voitures seulement, on les faisait passer par ces portes coulissantes qu'elle a gardées.
L'avis du Docteur Danche
Je dois dire que je suis quand même un peu sur ma faim, les vestiges sont assez faibles, et ça manque de DS.
Alors j'ajoute pour faire bon poids cette petite anecdote où le garage Denaës de Cassel (et ses pompes à essence) est acteur d'une scène d'un autre temps, et sauva un événément d'importance planétaire.
Franchement je ne sais pas quoi proposer pour un tel lieu.
Ce bâtiment ancien est intéressant, sans doute, mais tellement transformé/retransformé...
Et puis on ne va pas remettre en place un garage qui avait squatté les lieux.Moi je laisse tel quel.
Mais écoutons Régis, le cas est intéressant.
L'avis de Jérome
Il faut tout d'abord reconnaître la médiocrité de cette page, qui ne satisfait pas aux exigences habituelles de qualité qui caractérisaient autrefois le Cescqual : les textes nous laissent croire que Cassel est un pauvre bled sans intérêt, tout comme les commentaires qui évoquent une enseigne à double chevron que les piètres photos illustrent fort mal.
Cette page montre avant tout le manque de sérieux de son auteur, le dénommé Danche que je qualifierais volontiers de béotien, au minimum.
Cassel est une ville importante aux origines historiques suffisamment lointaines pour forcer le respect.
Mais revenons à ce bâtiment qui nous intéresse : le cas est intéressant, et même assez curieux : installer un garage dans un tel bâtiment... il fallait être suffisamment idiot pour oser !
Après quelques recherches historiques simples, que l'auteur de cette page auraient dû mener naturellement, notamment sur le site Internet de la ville de Cassel ( http://www.cassel.fr/) et sur le site du fonds photographique patrimonial de la ville de Cassel (http://photo.cassel.fr/gallery2/main.php), on découvre que ce bel hôtel particulier apparemment de style XVII ème est l'hôtel d'Halluin : ancienne maison des Comtes d'Halluin.
On y apprend aussi que Cassel a beaucoup souffert au cours des deux guerres et on remarque d'ailleurs que la façade du bâtiment porte toujours les stigmates importants du bombardement allemand de 1940. Les éclats dans la pierre sont bien entendu inexistants sur les photos d'avant 1940... Je ne vais pas refaire l'histoire de Cassel, je laisse le soin au lecteur de consulter les deux sites de référence que j'ai signalés plus haut, je joins ici seulement deux photos pour étayer mon verdict sur ce garage
Tout d'abord une magnifique vue de Cassel sous la neige qui date de 1919
on remarque que le rez-de chaussée était autrefois symétrique : deux fenêtres de part et d'autre de la porte d'entrée centrale. On peut supposer que la modification sur la façade a été faite avec l'installation du garage Citroën. (grande baie à gauche de la porte d'entrée, à l'emplacement actuel du tapissier, saluons d'ailleurs au passage son titre de MOF)
Première remarque : mais que faisait la DRAC ??? Pourquoi Régis n'est-il pas intervenu à l'époque ? Réponse : il a manqué d'objectivité puisqu'il s'agissait d'installer un garage Citroën... bref passons...
La seconde photo est une vue du carnaval de 1945, la transformation de la façade est apparue et l'enseigne Citroën y est bien visible !
De quand date exactement l'installation de ce garage Citroën de Cassel : pendant la guerre, juste après guerre ? Ma conclusion est que ce bel hôtel particulier a purement et simplement été massacré par l'agent Citroën de Cassel de l'époque ! C'est même une honte ! Et je n'ose même pas penser aux transformations intérieures qu'il a subies avec l'installation de ce garage. On ne va bien évidemment pas remettre aujourd'hui en place un garage dans cet hôtel particulier, cela n'aurait strictement aucun sens.
L'avis de Régis (de la DRAC)
Voilà un garage qui est bien différent des autres, car nous sommes plus dans le cadre d'un rez-de-chaussée commercial dans un bâtiment existant, et non un garage construit pour Citroën; cette hôtel particulier est remarquable, de style Louis XV, belles proportions, sculpture élégante.... avec l'installation de Citroën dans les années 20 certainement.
Mais alors, qui a éventré ce rez-de-chaussée? Citroën? déjà avant?
On doit avoir un bel IPN sous le linteau, à la place du pauvre pilier qui a disparu pour faire une grande baie commerciale....
Tout cela est touchant, mais là pour une fois, je suis trop choqué par "l'ajout Citroën", et je verrais bien une suppression de l'actuelle vitrine (et son affreux volet roulant), étant donné qu'il n'y a même plus de traces de Citroën, et même si il y avait.... et reposer un nouveau pilier pour retrouver l'authenticité de ce bel hôtel. Cela n'empêche pas la conservation des éléments intérieurs de la boutique, d'ailleurs!
Donc je ne garde pas les traces du garage en façade, mais je souhaite un retour à l'état avant Citroën!
(PS: pour Jérôme: le service des Bâtiments de France, qui gère les espaces protégés, et qui aurait pu interdire ces travaux dans les années 20, a été créé en 1947!!!)
L'avis d'Ivan
Vous savez que mon épaule me gène vraiment ces temps-ci au tennis?
Verdict du Cescqual: que faire de ce bâtiment?
Eh bien on fait comme a dit Régis!
